Comme l’ensemble
des évêques présents à Lourdes, Mgr Denis Moutel est accompagné de Pierre Chesnot, agriculteur en élevage laitier bio à Bégard (22) et d’Elise Barreaud, membre du groupe de déploiement du
label
« Église Verte » sur la paroisse de Lannion.
Après l’assemblée de Lourdes :
l’urgence de la conversion écologique
Les 4 et 5 novembre 201, pendant 36 heures, il s’est passé quelque
chose d’étonnant à Lourdes : l’assemblée des évêques de France s’est élargie de manière inédite. Nous avions accueilli deux invités par diocèse pour aborder la question
majeure de l’écologie intégrale et de ses enjeux pour la sauvegarde de la création et pour l’annonce de l’Évangile. En nous serrant un peu dans l’hémicycle, nous sommes passés de 120 à
350 personnes.
Au terme de cette expérience heureuse, l’un des participants a pu dire tout de même : « Merci aux évêques ! mais bon courage
à eux qui ont entendu tellement de choses pour la première fois et en si peu de temps. » Même si Elise Barreaud (paroisse de Lannion) et Pierre Chesnot (paroisse de Bégard) m’avaient largement préparé
au cours du voyage vers Lourdes, je dois reconnaître que les plus jeunes (plus jeunes que moi en tous cas) sont largement plus éveillés aux dommages que nous causons à la planète et ils sont déjà acteurs de changements
de bien des manières.
Cet éveil de la conscience -et la responsabilité qui va avec- est bien sûr porté par des informations qui sont maintenant accessibles à
tous. Mais c’est toujours un choc de réentendre ensemble ce que nous avions pu recevoir -un peu- chacun de notre côté : quand la planète se réchauffe inéluctablement, quand les océans contiennent plus de
plastique que de poisson, quand nous voyons disparaître massivement les insectes, quand la nature est sollicitée sans mesure pour produire les biens que nous demandons, quand il faut un emballage sophistiqué et de grande dimension pour
vendre une modeste clé USB etc …
Mais les six témoins que nous avons pu entendre (ainsi que deux théologiens) ne nous ont pas laissés abattus ni sans espérance.
Ils nous ont expliqué, en effet, qu’en changeant -un, peu, beaucoup, passionnément- leurs manières de vivre, ils ont pu vivre une expérience plutôt humanisante et même joyeuse. Au fond, la conversion écologique
invite sans cesse à passer de la menace à la promesse, de la peur (ou de l’aveuglement) à la responsabilité, de la contrainte à des choix plus libres pour parcourir les chemins d’une sobriété heureuse :
moins de biens mais plus de liens. Et c’est un autre prochain que l’on découvre alors, au-delà de nos familles et de nos voisinages, ceux qui sont loin et ceux qui viendront au monde demain. Nos modes de vie pèsent dès
maintenant sur les uns et sur les autres.
Avec le cri des pauvres, le pape François nous appelle à entendre la clameur de la terre (voir l’encyclique Laudato Si). C’est
notre responsabilité pour l’annonce de l’Evangile. Qu’allons-nous faire dans notre diocèse ? Je ne connais pas toutes les étapes de ce qui est engagé, mais nous aurons sûrement à vivre des pas de conversion
: renouveler notre foi en Dieu créateur et Sauveur et faire l’examen de conscience de nos choix personnels et collectifs, en Église aussi, dans le sens d’un plus grand respect de « notre maison commune » et de tous les
hommes qui l’habitent.
Merci à Elise et Pierre, les deux invités de notre diocèse. Ils vous disent aussi ce qu’ils ont vécu dans ces deux journées marquantes.
+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier
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